Le nucléaire, le charbon, avenirs énergétiques pour la Guinée.

Politique

   Selon la Banque mondiale, le taux d’électrification (c’est-à-dire le nombre de personnes ayant accès à l’électricité –exprimé en pourcentage de la population totale) était en 2017, de 35,4% en Guinée. En comparaison de 79% au Ghana ; 65,6% en Côte d’Ivoire ; 61,7% au Sénégal ; 54,4% au Nigéria ; 56,2% en Gambie ; 48% au Togo ; 43,1 % au Mali et au Bénin ; 42,9% en Mauritanie. En république de Guinée, le taux d’accès au service énergétique est de 18,1%, en zone urbaine 47,8% et en zone rurale 2%. La consommation Concentrée en milieu urbain, l’électricité est quasi indisponible pour les ménages ruraux. La consommation d’énergie par habitant est de moins d’un demi tonne-équivalent-pétrole (TEP), dont 80% provenant de la biomasse. Le secteur de l’énergie en Guinée repose principalement sur trois sources d’énergie : la biomasse, le pétrole et l’hydroélectricité. Les principaux consommateurs d’électricité sont le secteur minier et les ménages avec des parts respectives de 47% et 31% de la consommation globale d’énergie. Le pays a un très gros potentiel hydroélectrique : environ 6 000 MW de capacité, produisant 19 300 GWh par an, mais n’en exploite qu’un faible pourcentage sans tenir compte de la période d’étillage.

Les principaux barrages de la Guinée sont :

Le barrage de Garafiri (75 MW), sur le fleuve Konkouré, fut construit de 1995 à 1999.
Le barrage de Kaléta (240 MW), construit en aval de 2012 à 2015 par China International Water and Electric filiale de China Three Gorges Corporation.
Le barrage de Souapiti est construit par China International Water Electric Corp (CWE) sur le fleuve Konkouré, en amont du barrage de Kaleta dont la puissance prévue était de 550 MW.
La construction du barrage d’Amaria (300 MW), lancée en janvier 2018 dans la préfecture de Dubréka, à l’aval du fleuve Konkouré.  
Le projet de barrage hydroélectrique de Koukoutamba (294 MW), dans la préfecture de Tougué, sur le fleuve Sénégal.

La somme de la production électrique de tous les barrages hydroélectriques de la Guinée est de 1459 MW sans tenir compte de la période d’étiage. Les 1459 MW correspondent après convertissement à 1,4 GW sachant que les quatre centrales nucléaires que le Mali veut construire, ont une capacité de production de 55Gw soit une supériorité malienne de production électrique de 53,6 GW par rapport à la production électrique guinéenne sans tenir compte de la période d’étirage  . Pour que la Guinée ne soit plus en déficit énergétique et assurer son industrialisation le pays doit pouvoir produire annuellement au moins 500 terawatt et s’il arrive à produire 1000 terawatt annuellement alors le pays sera le pays le plus électrifié de l’Afrique et ceci n’est possible qu’avec les centrales nucléaire et les centrales à charbon.

   Quand Alpha Condé a accédé au pouvoir en 2011, il a promis aux Guinéens de résoudre le problème de l’électricité dans l’espace de six mois après sa prise de fonction. Il met des alliés politiques à l’EDG (électricité de Guinée) et engouffre des sommes énormes dans des groupes thermiques qui s’avèrent inopérants. Plusieurs centaines de millions de dollars seront engloutis dans le secteur pour des résultats si piètres que le chef de l’Etat a dû se rendre à l’évidence que sa politique de l’électricité a été un échec cuisant. Il négocie directement avec les Chinois le financement et la construction du barrage de 240 mégawatts au coût de 526 millions de dollars. L’Exim bank chinoise accepte de financer à hauteur de 75% (environ 400 millions de dollars US). Pour compléter les 25%, M. Condé puise dans ce qui restait de la manne des 700 millions USD obtenue de Rio Tinto. En effet, la capacité installée de 240 mégawatts ne peut être réalisée qu’en pleine saison des pluies. Durant la période d’étiage, la production maximale de Kaléta ne peut pas dépasser 75 mégawatts pendant la phase de pointe, soit moins d’un tiers de la capacité installée. Par exemple, le coût des 240 MW de Kaleta est de 526 millions de dollars, soit autour de 2200 dollars US par Kilowatt (KW). Le coût des 450 MW de Souapiti est de 2 milliards de dollars, soit 4400 dollars US par KW, le double du coût unitaire de Kaleta. Alpha Condé a investi au moins deux milliards de dollars, le plus grand investissement dans le domaine énergétique que la Guinée a connu. La traditionnelle source énergétique de la Guinée n’est pas suffisante, des alternatives sont possibles, mais l’État tarde à ouvrir d’autres options.

 Option nucléaire.

   Aujourd’hui, bon nombre de pays africains négocient avec la fédération de Russie pour la construction des centrales nucléaires. La Russie a organisé son deuxième sommet Russie-Afrique. Les délégations de 49 pays africains, dont 17 chefs d’États, étaient réunies à Saint-Pétersbourg les 27 et 28 juillet 2023. Ibrahima Traoré, président de la transition de la république du Burkina Faso, avait dit à Vladimir Poutine président de la fédération de Russie ceci :
<< Parlant donc des échanges commerciaux et d’installation d’usine nous avons un besoin crucial d’énergie. À ce titre, donc, c’est un point important pour moi, parce que nous avons besoin en tout cas si possible d’implanter une centrale nucléaire au Burkina pour produire de l’électricité >>.

   Aussi tôt dit aussi tôt fait, un accord a été signé pour la construction d’une centrale nucléaire par Moscou dans ce pays sahélien où moins d’un quart de la population a accès à l’électricité dont seuls 22,5% des Burkinabè (67,4% en zone urbaine, 5,3% en milieu rural) avaient accès à l’électricité, selon des chiffres de la Banque africaine de développement. Le Burkina Faso à travers le ministère de l’Énergie burkinabé et la Russie à travers Rosatom (agence fédérale russe de l’énergie atomique) ont signé le vendredi 13 octobre 2023, un mémorandum d’entente pour la construction d’une centrale nucléaire, souhaitée par le président Ibrahim Traoré en juillet dernier, lors d’un entretien avec son homologue russe, Vladimir Poutine.

   Le Mali, dans son désir de renforcer son indépendance énergétique, vient de signer un mémorandum d’entente avec Rosatom, une entreprise publique russe de renom spécialisée dans le domaine de l’énergie nucléaire. Cet ambitieux projet, annoncé lors de la visite d’une délégation malienne de haut niveau à Moscou, prévoit la construction de deux à quatre centrales nucléaires au Mali. Le ministre de l’Économie et des Finances du Mali, Alhousseini SANOU, qui dirigeait la délégation, a souligné que le projet nucléaire vise à diversifier les usages de cette source d’énergie, en commençant par des applications dans le domaine de la médecine, de l’agriculture, et d’autres secteurs essentiels. Par ce partenariat, le Mali entend réduire sa dépendance envers les sources d’énergie conventionnelles.

  Une seule centrale nucléaire sur le continent. Le continent africain ne compte pour l’heure qu’une seule centrale nucléaire, en Afrique du Sud, à Koeberg, près du Cap.

Les pays africains qui ont ou qui sont en train  de construire des centrales nucléaires.

   Selon l’Association nucléaire mondiale, une centrale nucléaire peut fonctionner pendant environ 60 ans. L’association reconnaît qu’une grande partie du monde n’a pas encore pris conscience des possibilités offertes par le nucléaire, et que c’est donc l’aspect économique de la technologie nucléaire qui effraie les pays.

L’Afrique du Sud :

  L’Afrique du Sud est le seul pays africain à produire une quantité importante d’électricité d’origine nucléaire. La nation arc-en-ciel possède une centrale nucléaire à Koeberg, près du Cap.

Égypte :

  Lorsque l’Egypte aura terminé sa centrale nucléaire de 4,8 gigawatts, elle aura construit l’un des plus grands points de production d’énergie nucléaire au monde. Le projet, d’un coût de 25 milliards de dollars, devrait être achevé en 2029, mais les Égyptiens devraient avoir l’énergie nucléaire en 2026.

Algérie :

  Les projets d’énergie nucléaire en Algérie sont bien avancés pour que le pays mette bientôt une centrale en service. L’Algérie exploite déjà un réacteur nucléaire.

Ghana :

  Le Ghana exploite un réacteur nucléaire depuis 1994. Le pays a été l’un des premiers en Afrique à annoncer des plans de production d’énergie nucléaire à la fin des années 1990, mais les projets sont restés au point mort. Cependant, ce pays d’Afrique de l’Ouest pourrait produire de l’énergie nucléaire avant 2030.

Maroc :

  Le Maroc a également commencé à parler de l’énergie nucléaire pour l’électricité dans les années 1990, mais il semblerait que les gouvernements successifs aient jugé que le risque économique était trop élevé. Aujourd’hui, le pays serait prêt et a pris contact avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) pour le lancement du projet.

Kenya :

  Le Kenya a annoncé qu’il allait bientôt commencer la construction d’une centrale nucléaire d’une capacité d’un gigawatt. Ceci après l’approbation d’un document de politique sur le projet.

Nigeria :

  Le Nigeria est le dernier pays de cette liste et le seul, en dehors du Ghana et de l’Afrique du Sud, à exploiter un réacteur nucléaire dans la région sub-saharienne. Le pays cherche à passer à l’énergie nucléaire d’ici 2040, avec des plans pour construire une centrale de 2,4 gigawatts.

Ouganda :

  Pour son entrée dans le nucléaire, l’Ouganda voit grand. Le président Yoweri Museveni a annoncé la construction de deux centrales nucléaires en partenariat avec la Russie et la Corée du Sud. Le chef d’État promet des centrales de 7 000 et 8 400 mégawatts (soit environ 15 000 MWe). Un objectif extrêmement ambitieux pour un pays qui ne possède aucune installation nucléaire.

Sierra Leone :

  Les gouvernements des deux pays à savoir la Russie et la Sierra Leone envisagent une coopération dans le domaine de l’énergie nucléaire pacifique, notamment la possibilité de construire une centrale nucléaire en Sierra Leone.

Le nucléaire et le charbon, avenirs énergétiques pour la Guinée.

   La Guinée est une partenaire traditionnelle de la fédération de Russie. Les bases de ce partenariat ont été mises en place par Sékou Touré. Il faut seulement que tout nouveau président comprenne l’importance de multiplier les accords avec la Russie sur tous les domaines qui favoriseront le développement de la Guinée. Ce n’est pas à la Russie de venir proposer ce type de partenariat au gouvernement guinéen, mais plutôt l’inverse. C’est à nos politiciens d’être dans la culture politique uslumake pour proposer des coopérations avec la Russie pour l’intérêt de la Guinée. Aujourd’hui les pays limitrophes de la Guinée notamment le Mali et la Sierre Leone ont signé des mémorandums avec la Russie pour les constructions des centrales nucléaires. L’indépendance énergétique de la Guinée ne pourra se faire en absence du nucléaire. Les barrages hydroélectriques ont contribué à l’électrification de la Guinée mais force est de constater que c’est insuffisant. Les centrales nucléaires et les centrales de charbon peuvent facilement aider le pays à rattraper son retard dans le domaine énergétique et faciliter l’industrialisation de celui-ci. Les partenaires de la Guinée pouvant lui permettre d’avoir des centrales nucléaires et des centrales à charbons sont la Russie, la Chine, le Corée du Sud par exemple, mais jamais les pays européens ni même les États-Unis d’Amérique.

Pourquoi la Guinée ne se lance pas dans le nucléaire et dans le charbon ?

   La réponse de cette question est d’ordre politique. Les présidents qui ont succédé Sékou Touré n’ont pas eu une vision plus large et lointaine pour le développement de la Guinée. Souvent dans l’imaginaire des politiciens guinéens puis qu’ils ont la bauxite classant leur pays au deuxième rang mondial producteur bauxitique, mais aussi possédant le tiers des réserves bauxitiques mondiales, ils (politiciens guinéens) ne vont pas faire les premiers pas en prorogeant des nouvelles approches dans les relations politiques. Ce n’est pas le fait que la Guinée possède tant de ressources minières qu’elle ne doit pas aller négocier avec les autres puissances étrangères pour être une puissance énergétique en Afrique de l’Ouest. De l’autre côté, aussi, il y’a le fait que l’État s’engage dans des conférences et traités internationaux pour renoncer à son droit le plus absolu d’avoir des centrales à charbon et des centrales nucléaires pour rattraper son retard sachant bien que les pays européens et les États-Unis d’Amérique ne vont jamais renoncer aux centrales nucléaires. Pour quelques millions de dollars de promesse non-tenables, l’État guinéen et par extension les États africains privent leurs peuples les avantages des centrales nucléaires. Si la France interfère dans les grandes décisions de la Guinée, si la France soutient un changement de régime en mettant une personne de leur choix alors jamais la Guinée ne va avoir l’audace d’aller signer avec la Russie ou la Chine ou encore avec la Corée du Sud pour la construction des centrales nucléaires. La Guinée doit savoir que la France ne va jamais aimer ni proposer ni même construire des centrales nucléaires en Guinée. L’État guinéen ne doit jamais regarder la propagande de diabolisation faite à l’égard de la fédération de Russie, mais plutôt ses intérêts avec celle-ci. Les pays européens négocient avec la Russie. Alors pourquoi pas la Guinée ?
Les présidents de la Guinée ne doivent pas faire de la politique nationale pour plaire et satisfaire les pays occidentaux, mais pour satisfaire les Guinéens d’abord. La Guinée doit sortir de ce schémas classique mis en place depuis l’ère coloniale démocratique, il lui faut l‘uslumaaku, le kafumpire et la source de droit chamito-fountankè.

Le cout de construction d’une centrale nucléaire et d’une centrale à charbon.

   La construction d’une centrale nucléaire est un processus extrêmement complexe qui nécessite un investissement financier considérable, mais aussi une viabilité économique. Les estimations des coûts de construction d’une centrale nucléaire comportent toutefois un degré d’incertitude et peuvent changer durant la phase de construction. Par exemple Le 2 novembre 2011 à Dacca, un accord sur le projet de construction de la première centrale nucléaire est signé entre l’agence atomique russe Rosatom et le gouvernement bangladais. La date de mise en service du premier réacteur est prévue en 2018 et le coût est alors estimé entre 1,5 et 2 milliards de dollars.

   Le Sénégal a démarré début 2015, la construction de la centrale à charbon de Mboro d’une capacité de production annuelle de 360 MW, dont le coût est estimé à 630 millions de dollars, fournira toute sa production à la compagnie électrique sénégalaise, Sénélec, qui verra accroître de 25% sa capacité de distribution, induisant de fait la disparition progressive les coupures d’électricité au Sénégal.

  En définitif, c’est à la Guinée d’avoir des ambitions énergétiques fortes. Le coût de construction d’une centrale nucléaire est variable et conséquent mais elle reste une énergie verte. Tandis que la centrale à charbon ne demande pas de gros moyen financier. Que ce soit la centrale nucléaire ou la centrale à charbon, la période d’étiage n’est qu’un lointain souvenir. 

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